Où se posera ce baiser que je t'envoie ?
Sur ta tempe qui sent bon ? Ta tempe délicate que je brûle d'effleurer des lèvres ?
Sur tes lèvres légèrement humides ? Tes lèvres fines que je rêve d'embrasser ?
Sur ta joue douce ? ta joue tendre ?
Peu importe...
Je te l'envoie ce baiser...
Et que ce soit un trottoir ou des années qui nous séparent, il t'arrivera un jour. Il se posera là où tu voudras.

Première fin d'après-midi avec Boskoop.
J'ai joué avec lui. Il s'est agrippé à mon genou et a un peu griffé ma main, au dessus, entre le majeur et l'annulaire.
J'adore toucher la peau quand elle est blessée. Toucher une cicatrice. Comme une ligne marquée en toi. Comme si tu avais besoin de cette ligne pour te souvenir. Pour qu'elle te fasse toucher du doigt l'endroit précis où tu as pleuré, où tu as ri, où tu as ressenti du plaisir, où tu as été triste.
J'aime quand Frida dit à Diego : "Attends... J'ai une cicatrice..." et qu'il lui dit "laisse-moi regarder..." et alors elle se tourne et il baisse lentement sa tenue satinée et la rassure "tu es parfaite...".

Je fais des rêves bizarres en ce moment. Ils me perturbent à vrai dire.
Soit ils me plaisent, soit ils m'intriguent.
Mais toujours, toujours, même quand je me réveille trempée d'émotion, j'ai ce bonheur de me dire "j'ai rêvé... Mon monde intérieur m'a parlé..."

L'eau peut-être méchante.
Elle peut se fermer au moment où tu veux entrer en elle.
Elle peut claquer ton ventre, claquer tes cuisses.
Elle peut entrer dans ton nez, dans ta gorge, dans tes poumons.
L'eau sait faire mal. Quand on n'a pas bien pris le temps de l'apprivoiser, de la regarder, de contempler rien qu'une seconde sa beauté.
"Je préfère recommencer"
Et là je la regarde...
Et elle se fait douce contre ma peau, douce contre moi...
C'est un plaisir un plaisir un plaisir de me laisser glisser ainsi...
Comme elle sait être douce...

Le long du trajet du retour, je croque des sourires au goût de chocolat ou de fraise.
Je repasse les meilleurs moments de la journée.
Je souris intérieurement et peut-être même à l'extérieur aussi.
C'est comme si j'avais laisser pousser le bourgeon d'une rose et qu'elle venait d'éclore.
Une impression de courte durée mais tellement agréable...
Serrer la chaleur d'un pull adoré contre mon sous pull bleu.
Voir Christine, ne serait-ce qu'une seconde, voir son sourire, éclater de rire, comme d'habitude sans savoir pourquoi...
Un rire qui ne s'arrête plus. Un rire joyeux.
Finir les phrases de l'autre. Et comprendre tout ce qu'elle dit.
Oh la bretelle noire de mon sac à dos peut bien me faire mal à l'épaule, je m'en fiche.
Et qui est-ce ? Qui est-ce là-bas, au bout de la rue ?
Oh je rêve une seconde que c'est lui, que c'est elle, que c'est quelqu'un que je n'ai pas l'habitude de voir et qui aurait, pour me faire plaisir, pensé à venir là, attendre mon retour du lycée et me surprendre.
Pour me faire plaisir.
Je me vois alors commencer à courir vers lui, vers elle... Et là deux ailes s'attacheraient à mon sac...
Le plaisir effaçant toute douleur...
Rendant tous les poids légers comme des plumes...
Non, ce n'est personne que je connais.
Mais le rêve fait du bien.
Mais il peut aussi faire du mal. C'est comme l'eau.

Oh un instant j'oublie tous les nuages qui s'annoncent à l'horizon.
Demain la journée va commencer difficilement... Quatre heures d'un sujet de français, type bac. Puis Maths... Puis TPE... Sans Lenny...
Mais dès 16h30, le phénomène magique du mardi soir sera enclenché, et dès lors, j'irai bien.
Et dès lors tout ira bien.